Les camerounais qui ont suivi avec un étonnement certain les diatribes publiques du ministre de l’administration territoriale et de la Décentralisation, Paul Atanga Nji contre celui de la Sante Publique, Malaouda Malachie, ont cru assister à un énième acte d’éclat caractéristique d’un personnage qui aime à jouer au franc-tireur. Mais est arrivé aussitôt le tour du délégué général à la Sureté Nationale, Martin Mbarga Nguele, qui s’est permis d’étaler sur la place publique les insuffisances de son collègue des Travaux Publics, Emmanuel Nganou Djoumessi dans la gestion du secteur routier au Cameroun.
L’affaire a tourné au total délitement managérial interne au gouvernement lorsqu’est venu s’ajouter un discours fort applaudi du député Rdpc Mathurin Bindoua, lors d’une cérémonie funéraire organisée à la suite d’un accident qui a provoqué une dizaine de morts sur la route Mbalmayo-Sangmélima, critiquant l’inertie des ministres originaires du Sud membres du parti au pouvoir, qui ne sont pas parvenus à doter cette région, celle de Paul Biya, des routes circulables. Se sentant doigté, le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, lui a répondu à travers les réseaux sociaux, en étalant ses nombreux détournements des deniers publics ainsi que d’autres gabegies qui lui sont imputées dans le cadre de ses fonctions de maire de la ville de Sangmélima. Et comme dans une véritable descente aux enfers, d’autres sorties du même genre ont suivi, installant un véritable climat « de sauve qui peut » au sein du système gouvernant, au moment où ou son promoteur Paul Biya, fête ses 42 ans de règne. On peut encore citer le cas du maire Rdpc de Ngoumou, Jean Baptiste Atemengue, critiquant publiquement la gestion du ministère des Enseignement secondaire dont elle est responsable, par la ministre Nalova Lyonga Pauline Egbe. Et comme dans les autres cas d’espèce, la sortie a provoqué une réaction de la part de cette dernière qui en retour, l’accuse de « créer un sentiment de révolte contre le gouvernement dans un contexte préélectoral ». Enfin, pour mettre fin à la série, le 6 novembre 2024, c’était le tour de Abdoulaye Yaouba, ministre délégué auprès du ministre des Finances d’accuser les hommes politiques et autres représentants gouvernementaux de la région de l’Extrême-Nord d’avoir détourné près de de 2 milliards de francs CFA destinés aux populations suites aux récentes inondations.
Tout cela vient s’ajouter aux nombreux actes de désobéissance assumés de certains hauts responsables de la République comme par exemple le ministre de la Justice Garde des Sceaux Laurent Esso, vis-à-vis des « hautes instructions du Chef de l’Etat », incarnés par le Secrétaire General de la Présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh. La situation prend comme on le constate, une dimension chaotique d’autant plus qu’à ce jour, aucun holà n’est venu, ni du Premier Ministre, théoriquement chef du gouvernement, ni du Président de la République, le véritable maitre des horloges, pour essayer de mettre un semblant d’ordre.
S’agit-il d’une mue en douce du régime vers plus de transparence et de responsabilité ou tout simplement d’un signe de son total délitement, quim s’aggrave de jour en jour par le vide sidéral qui s’installe au sommet de l’Etat ? Wait and see.