Après la levée du verrou du Cameroun contre le contrôle du pipeline par N’Djamena, la confiance revient entre les deux

Des sources officielles, on apprend que le projet d’acquisition par la Société des hydrocarbures du Tchad (SHT) des actifs de Petronas Carigali Chad Exploration & Production inc., filiale de la major malaisienne Petronas, a reçu un avis favorable du Conseil communautaire de la concurrence le 11 mai dernier à Douala. Un avis qui précise-t-on, doit être néanmoins entériné par une décision du président de la Commission.

Cette décision permettra à la compagnie pétrolière publique tchadienne de boucler la reprise des 35% que Petronas détenait respectivement dans le gisement pétrolier de Doba ; les 30,16% de Tchad Oil Transportation Company (Totco), en charge du tronçon tchadien du pipeline (1 070 km) reliant le Tchad au Port de Kribi, et les 29,77% de Cameroon Oil Transportation Company SA (Cotco), en charge du tronçon camerounais de l’oléoduc.

Pour que ce dossier, introduit le 13 février dernier, soit examiné par les autorités sous régionales, il a fallu que le Cameroun donne son autorisation. Yaoundé était jusqu’ici le seul pays de la Cemac qui tardait à se prononcer sur ce deal, marquant ainsi son désaccord face à la volonté du Tchad de contrôler cette infrastructure est implantée à 90% sur le sol camerounais. 

La posture du Cameroun et la signature d’un pacte actionnarial entre la Société nationale des hydrocarbures (SNH) et Savannah Energy pour l’acquisition de 10% des parts de la junior britannique dans Cotco avaient conduit la présidence tchadienne à rappeler « pour consultation » son ambassadeur au Cameroun. Cette décision prise, le 20 avril 2023, correspond au plus haut niveau de protestation en matière diplomatique. 

La levée du verrou dans le dossier Petronas peut donc être perçue comme un acte d’apaisement de Yaoundé face à cette crise diplomatique. Elle intervient après une visite, le 26 avril 2023, du secrétaire général de la présidence de la République (SGPR) du Cameroun, à N’Djamena, missionné par Paul Biya. D’ailleurs, trois semaines après cette visite, le ministre d’État, Secrétaire général à la Présidence du Tchad, Gali Gatta Ngothé  a, à son tour séjourné au Cameroun du 19 au 20 mai 2023, accompagné du ministre des Hydrocarbures et de l’Energie Djerassem Le Bemadjiel, avec pour objectif de « normaliser les relations et de résoudre les différends qui existaient entre les deux pays, en particulier dans le domaine du pétrole », comme  l‘a précisé le chef de la délégation tchadienne en ajoutant : « Je pense que les brouilles ont été solutionnés, que les nuages ombrageux qui semblaient peser sur nos rapports ont été éclaircis ».

Pour le Tchad, le rachat des actifs de Petronas lui permet d’être désormais majoritaire au sein du conseil d’administration de Cotco avec près de 54% des participations. N’Djamena aurait pu être davantage représenté s’il n’avait pas été doublé dans l’acquisition des 40,06% d’ExxonMobil par Savannah Energy. Les autorités tchadiennes contestent d’ailleurs la présence de cette entreprise sur cet oléoduc et sur ses champs pétroliers. Pour couper l’herbe sous le pied de la compagnie britannique, N’Djamena a fait le choix de nationaliser, le 23 mars, les parts du gisement de Doba et de Totco, vendus à l’entreprise britannique par ExxonMobil.

Le Cameroun, lui, a adoubé le nouvel actionnaire au point d’être en passe de s’offrir 10% des parts que celui-ci venait d’acquérir, au détriment de son voisin. Cette transaction de 44,9 millions de dollars (près de 27 milliards de FCFA), qui attend elle aussi d’être bouclée, permettra au Cameroun de détenir 15,17% de Cotco.

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