Apres sa suspension il y a trois ans par les États-Unis, le Cameroun va-t-il réussir son retour dans l’AGOA ?

Le ministre de l’Économie, Alamine Ousmane Mey, qui est actuellement a Washington pour repesente le Cameroun a la reunion du printemps du groupe de la Banque Mondiale et du Fmi, a annoncé que le Cameroun était en discussion avec les autorités américaines pour son retour au sein de l’« African Growth and Opportunity Act » (AGOA). Alamine Ousmane Mey l’a fait savoir le 10 avril 2023 lors d’un échange avec le groupe de réflexion Atlantic Council, en marge des assemblées générales du FMI et de la Banque mondiale, qui se déroulent à Washington. Le ministre de l’Économie n’a pas indiqué à quel niveau se trouvaient les discussions, mais a dit espérer arriver « à un accord aussi rapide que possible ».

Le retrait du Cameroun de ce dispositif, permettant aux pays africains éligibles d’exporter certains produits (pétrole, produits textiles, de l’artisanat et de l’agriculture) vers les États-Unis en franchise de douane, avait été annoncé en octobre 2019 par Donald Trump, avec effet à compter du 1er janvier 2020. Celui qui était alors le président des États-Unis avait justifié cette sorte de sanction du Cameroun par « des violations flagrantes des droits de l’homme internationalement reconnus », dont le gouvernement camerounais se serait rendu coupable dans le cadre de la lutte contre les sécessionnistes anglophones dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Un motif ouvertement contesté par les autorités camerounaises.

« Nous travaillons de manière très transparente et ouverte afin d’examiner tous les problèmes qui ont été soulevés et les résoudre, s’ils sont fondés », a déclaré Alamine Ousmane Mey, ajoutant que l’AGOA était tout aussi bénéfique pour le Cameroun que pour les Etats-Unis. Cependant, à l’épreuve des chiffres et au regard de la catégorisation des exportations camerounaises vers le pays de l’Oncle Sam, le retrait du Cameroun de l’AGOA depuis 2020 n’a pas eu d’incidence notable sur l’économie du pays.

En effet, selon les chiffres émanant de l’Ambassade des États-Unis au Cameroun, seulement 63 millions de dollars, sur 220 millions de dollars d’exportations camerounaises vers les États-Unis au total, l’ont été sous le régime de l’AGOA en 2018, par exemple. Mieux, souligne la représentation diplomatique américaine au Cameroun, 90% des exportations effectuées sous ce régime préférentiel au cours de la même année sont constituées de pétrole brut, uniquement.

En clair, ces données révèlent qu’avant sa suspension, le Cameroun utilisait déjà peu le mécanisme de l’AGOA pour ses exportations vers les États-Unis. Dans le détail, environ 28,3% seulement des exportations camerounaises vers ce pays le sont sous le régime de l’AGOA. Et qui plus est, les exportations bénéficiant de cette facilité américaine sont largement dominées par le pétrole brut. Mieux, selon l’Institut national de la statistique (INS), au cours des neuf premiers mois de l’année 2022, par exemple, les exportations de pétrole brut, principal bénéficiaire de l’AGOA avant la suspension du Cameroun, ont crû de 64,8% en glissement annuel. Ce qui a généré au pays 44,8% de ses recettes d’exportations au cours de la période.

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