HOMMES D’AFFAIRES CAMEROUNAIS : MAL AIMES A L’INTERIEUR, CHOUCHOUTES A L’EXTERIEUR

Pendant qu’ici au Cameroun, le gouvernement continue à jouer au chat et à la sourie avec les milieux d’affaires nationaux comme le montre le climat de suspicion qui règne entre lui et la Gicam, la principale organisation patronale, les Etats voisins commencent à leur faire une cour assidue. Et comme on peut s’y attendre, ce sont des milliards d’investissement qui sont annoncés dans certains états voisins depuis quelques années, alors qu’avec la baisse continue des IDE (Investissements directs étrangers), l’économie nationale attend beaucoup d’eux pour se redresser.

 Le premier pays de l’Afrique centrale à avoir rapidement détecté la niche camerounaise en matière d’investissements privés, c’est la République Centrafricaine, depuis l’arrivée au pouvoir du président Ange Faustin Touadera en 2016. Face a la difficulté de convaincre les milieux d’affaires occidentaux de venir en Centrafrique malgré l’insecurite ambiante, il s’est tourné aussitôt tourne vers les milieux d’affaires camerounais, grâce à une judicieuse campagne de promotion, accompagnée de la mise à leur disposition des structures d’accompagnement, comme le guichet unique pour les formalités d’entreprises, la direction Générale de  la Commission  Nationale des Investissements pour les avantages fiscalo-douaniers, le Centre d’Assistance pour les Petites et  Moyennes Entreprises et Artisanat et la nomination auprès de lui d’un conseiller spécial de nationalité camerounaise. Les fruits n’ont pas tardé à tomber, sous la forme d’investissements en tout genre, qui à ce jour vont largement au-dessus de 100 milliards de FCFA. On peut citer entre autres, la télévision Vision 4 de Jean Pierre A mougou, la cimenterie (plus de 17 milliards d’investissements) du groupe Quiferou, l’assurance Acam-Vie, le groupe SADIPIN de l’industriel Kamdem Dieudonne, Aurore Metal Industry de Serge Yemga etc.. Sans oublier une multitude de Pme qui de plus en plus prennent le relais des opérateurs économiques, français, libanais et chinois que l’insécurité a fait fuir ces dernières années.

Après la République Centrafricaine, c’est maintenant le tour de la république du Tchad. Cette derniere vient de dépêcher au Cameroun une mission conduite par le ministre tchadien des Finances et du Budget, Tahir Hamid Nguilin. Au cours d’une rencontre organisée le 4 février 2022 à Douala avec les oprerateurs économiques camerounais, il s’est investi à les convaincre que le Tchad se présente actuellement comme une bonne opportunité pour les investisseurs camerounais actifs sur le marché des capitaux. Face aux banquiers, assureurs, acteurs du marché financier réunis à son initiative, il a vanté les avantages que le Tchad offre aux investisseurs camerounais, grâce aux réformes effectuées dans la chaîne des finances publiques, notamment « l’amélioration du système d’information » ainsi que la conclusion d’un nouveau programme économique et financier avec le Fonds monétaire international (FMI).  « Nous avons des relations très étroites avec toutes les banques de la sous-région et particulièrement avec les banques du Cameroun, qui, en accompagnement avec les banques tchadiennes, ont toujours été aux premières loges pour soutenir nos économies et nos États », a-t-il déclaré. Il n’a pas manqué de rappeler que selon les données de la direction générale du Trésor du ministère des Finances, plus de 70% des souscriptions sur le marché des titres publics de la BEAC sont le fait des investisseurs du Cameroun. Cette suprématie est souvent transposable au marché financier. S’agissant du Tchad précisément, l’on se souvient par exemple que l’emprunt obligataire « État du Tchad 6% 2013-2018 » avait été souscrit au Cameroun à hauteur de 58,3 milliards de FCFA, soit près de 70% des 85 milliards de FCFA sollicité par le Trésor public tchadien.

Cette cour des Etats de l’Afrique centrale aux opérateurs économiques camerounais, vient simplement confirmer une tendance qui s’est déjà dessinée du côté de l’Afrique Occidentale ou certains investisseurs camerounais comme le groupe Afriland First Bank, Activa, Express Union se positionnent déjà comme des acteurs majeurs de l’économie locale. Il justifie l’adage selon lequel on n’est jamais prophète chez soi.

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