Le billet de la semaine : LE CAMEROUN FACE AU DEFI DE LA NOMINATION DU NOUVEAU GOUVERNEUR A LA BEAC

L’actuel gouverneur de la Beac, le tchadien Abbas Mahamat Tolli, a été élu à ce poste en aout 2016 et a pris fonction en janvier 2017 pour un mandat de sept ans. Par conséquent, il quitte la tête de l’institution en janvier 2024, donc dans moins de six mois. C’est un évènement majeur pour l’économie de la sous-région et dans les hautes sphères économiques, le débat est déjà ouvert sur sa succession. 

La Beac est le véritable pilier de l’économie de la Cemac, et la question de la nomination de son gouverneur prend ainsi une dimension cruciale, dans un contexte économique marqué par la volatilité des marchés et les défis du développement. Dun autre cote, on se rappelle que suivant une réforme qui est entrée en vigueur au sommet de Bangui en janvier 2010 le poste de gouverneur de la Beac obéit a une logique de rotation entre les Etats dans l’ordre suivant : Guinée Equatoriale, Tchad, Cameroun, Centrafrique, Congo et le Gabon. Ainsi, après l’équato-guinéen Lucas Abaga Nchama et le tchadien Abbas Mahamat Tolli, en principe, c’est un camerounais qui devra par conséquent prendre la responsabilité de cette banque à partir de janvier prochain. Là ou le gouvernement camerounais est particulièrement attendu, c’est sur la manière avec laquelle il va concilier les impératifs d’ordre technique et politique qui ailleurs président généralement à ce genre de nomination, avec ses gangrènes ethnico-tribales qui font que depuis un certain nombre d’années, les responsables qu’il nomme dans la plupart des grandes institutions financières nationales et sous-régionales sortent toujours comme par hasard de la même ère géographique. 

A cela, il faut ajouter les multiples enjeux régionaux. On peut citer la préservation de la stabilité économique de la région et la gestion efficace de l’inflation, des éléments qui exigent du futur gouverneur des compétences exceptionnelles pour piloter la banque centrale dans une période d’incertitude. Il y a également le respect des statuts de la BEAC qui exigent une consultation en bonne et due forme des instances dirigeantes de la CEMAC avant une telle nomination. Ce qui implique un impératif absolu de transparence et de respect des procédures.

A l’orée de cette mutation capitale pour la Beac, les regards sont donc tournés plus vers le gouvernement camerounais que vers l’institution elle-même. En réalité, l’acte au-delà d’une simple nomination, revêt ainsi la dimension d’un choix stratégique de première importance, d’autant plus que, au-delà de la direction de la Beac, c’est toute l’économie de la Cemac, qui est en jeu. Certains observateurs optimistes espèrent que la taille de l’enjeu pourra enfin réveiller le pays des Lions Indomptables et ses dirigeants dont la mauvaise qualité de la gouvernance et l’indisponibilité de plus en plus marquée du chef de l’Etat, inquiètent plus d’un.

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