Au cours de l’année 2022 courante, la Société anonyme des brasseries du Cameroun (SABC), ambitionne de démarrer le déploiement de la phase 2 de son plan d’investissements dotée d’une enveloppe de 90 milliards de FCFA. De sources internes à l’entreprise, le gros de cette enveloppe est alloué à la construction de deux nouvelles usines, dont une unité de production brassicole dans la région de l’Est du pays, et une 2e maïserie dans le Noun (après celle de Mbankomo dans le Centre, NDLR), dans la région de l’Ouest du Cameroun.
« Nous avons aussi l’ambition de poursuivre nos acquisitions pour une croissance externe soutenue, tant pour SABC que pour Socaver (Société camerounaise de verrerie) et CFC (Compagnie fermière du Cameroun). L’ambition est d’accélérer notre intégration verticale pour élaborer un modèle agro-industriel extrêmement performant et compétitif, pour affronter les défis de demain, tant en termes de taille que d’autonomie, sur la base des circuits courts et de l’économie circulaire », explique Emmanuel de Tailly, le DG du groupe SABC.
Mais, de sources autorisées, le déclenchement de ce plan d’investissements est tributaire de l’accompagnement de l’État. « Après tous les investissements consentis dans le cadre de la première phase (environ 45 milliards de FCFA, NDLR) de notre plan d’investissements, il serait encourageant que pour la seconde phase, l’État montre qu’il reconnaît le statut de champion national de l’agro-industrie que nous sommes », souffle une source proche du dossier.
Concrètement, apprend-on, en prélude au démarrage de ces investissements, le groupe SABC a introduit une demande auprès des instances gouvernementales, aux fins d’être éligible aux avantages prévus par la loi de 2013 (révisée en 2017) portant incitations à l’investissement privé en République du Cameroun. Cette loi permet aux entreprises détentrices d’un projet d’investissement de bénéficier de certaines exonérations fiscalo-douanières sur des périodes allant de 5 à 10 ans, aussi bien pendant la phase d’installation que de production.
« Grâce à la loi fixant les incitations à l’investissement privé au Cameroun, nous avons choisi d’investir au Cameroun au lieu de l’Angola ou de la Côte d’Ivoire, ciblés au départ pour un investissement de 13 milliards de FCFA », confiait en 2017 Guillaume Sarra, un opérateur économique qui a lancé BVS à Douala, une entreprise de fabrication de vins et spiritueux.
Parmi les bénéficiaires de cette loi, l’on retrouve également Tractafric Equipment, pour son usine de montage des engins du génie civil de Kribi, dans la région du Sud ; Nestlé Cameroun, qui a investi 2,7 milliards de FCFA dans une nouvelle chaîne de production dans une usine de Bonabéri ; le Fonds d’investissement britannique Actis qui, avec un partenaire local, a construit le Douala Grand Mall, présenté comme la plus grande infrastructure de commerce et des loisirs en Afrique centrale.
En attendant que le groupe SABC puisse éventuellement rejoindre la liste des entreprises dont les projets ont été adoubés par l’Agence de promotion des investissements (API), qui est chargée de l’implémentation de la loi de 2013 susmentionnée, depuis 2014, « un total de 248 conventions ont déjà été signées entre le gouvernement et le secteur privé (…) pour un volume global d’investissements projetés de 4 048 milliards de FCFA et une estimation de 84 000 emplois prévisionnels directs à créer ». Ce bilan a été fait le 13 juillet 2021 par Marthe Angeline Mindja, la DG de l’API.