Soupconne au Tchad d’être une société fictive montée par des officiels camerounais, Savannah Energy offre ses services au Cameroun pour la construction du barrage de Bini à Warak

On se rappelle la polémique soulevée par l’apparition il y a quelques semaines de la société Savannah Energy dans le dossier du pétrole tchadien. Les Tchadiens doutaient sa réalité de et la soupçonnait d’être une société fictive montée par des officiels camerounais pour mettre la main sur leur pétrole. Comme pour démentir ce soupçon, la société, filiale du groupe anglais Savannah Energy, cote a la bourse de Londres, réapparait dans l’actualité, en offrant ses services pour la relance du projet de barrage de Bini a Warak ans l’Adamaoua, qui peine à démarrer depuis plus de trois ans. Ainsi, abandonne depuis un an par la société chinoise Sinohydro, le chantier vient d’été confié par le gouvernement à Savannah Energy. 

L’acte a fait l’objet d’une convention signée le 20 avril 2023 entre le ministre de l’Eau et de l’Energie (Minee), Gaston Eloundou Essomba et les responsables de l’entreprise filiale du groupe britannique Savannah Energy PLC. L’accord entre les deux parties prévoit un partenariat public-prive (PPP), pour la réalisation des études, le financement, la construction et à l’exploitation de l’aménagement hydroélectrique de ladite infrastructure.

Pour le financement, a la place de Industrial and Commercial Bank of China (Icbc) qui a suspendu les financements en 2019, ce sera désormais la Banque mondiale (BM) et la Banque islamique de développement (BID) qui vont l’assurer. Le côté camerounais rassure que les fonds sont disponibles. 

On se rappelle qu’en 2017, le gouvernement camerounais avait signé un accord de prêt d’un montant de 182 milliards de FCFA avec la banque chinoise Icbc pour le projet de construction d’un aménagement hydroélectrique de 75 MW à Warak sur le fleuve Bini, associée à une ligne de transport d’électricité haute tension de 225 Kv. Les travaux préparatoires d’installation du chantier, d’excavation de la rive gauche et d’ouverture des voies d’accès achevés en 2018, avaient été préfinancés pour environ 20 milliards de FCFA par Sinohydro, l’entreprise adjudicataire de l’époque. Sauf que deux ans après, le chantier sera interrompu au motif du non-paiement par la partie camerounaise, de la prime d’assurances ; condition sine qua none pour obtenir le financement auprès de l’établissement bancaire chinois.

En novembre 2019, alors que le gouvernement a réglé au moins 23 milliards de F CFA au titre de la commission d’engagement et frais d’assurances, le partenaire financier du Cameroun dans le projet va suspendre le financement. « La banque est une banque commerciale. Elle estime que le Cameroun s’est engagé avec une autre banque, c’est pour cette raison qu’elle a suspendu le financement », expliquait Gaston Eloundou Essomba face aux parlementaires lors de la session de novembre  2021. Las d’attendre que les deux parties trouvent un consensus, l’entreprise chinoise va finalement quitter le chantier en septembre 2022. Avec Savannah Energy, l’on pourrait donc s’attendre à une reprise imminente des travaux.  

Malgré toutes les assurances ci-dessus mentionnées, beaucoup d’observateurs attendent la réalisation effective de ce projet pour se faire une idée sur la réalité de la filiale camerounaise de Savannah Energy, dont le siège est curieusement situé dans un paradis fiscal.

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